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Les Effacées, Bernard Minier& Lucia frappent encore (ça fait mal !)

Publié le 27 juin 2025 ...

#Polar

Après les Pyrénées et Martin Servaz, Bernard Minier déménage ses cauchemars en Espagne. Et franchement, les Galiciens n’avaient rien demandé. Avec “Les Effacées”, l’auteur prouve qu’il peut faire frissonner n’importe qui, n’importe où, pourvu qu’il y ait de la brume et des gens … ‘‘louches’’.

Bernard Minier a décidé de jouer les agents immobiliers du crime : après avoir épuisé le potentiel touristique des Pyrénées (qui ne rêve pas de vacances à Foix après avoir lu “Glacé” ?), le voici à l’attaque de l’Espagne.

“Les Effacées” nous emmène de la Galice brumeuse aux salons dorés de Madrid, dans une double enquête qui ferait passer un épisode de “Plus belle la vie” pour un documentaire animalier

L’intrigue ? Deux tueurs pour le prix d’un, comme dans les promotions de supermarché, mais en beaucoup moins festif. D’un côté, un psychopathe galicien qui s’en prend aux “invisibles” – ces femmes qui partent travailler à l’aube et que personne ne remarque. De l’autre, un justicier madrilène qui liquide les milliardaires en laissant des petits mots doux du genre “TUONS LES RICHES”. Entre les deux, Lucia Guerrero, enquêtrice de la Guardia Civil. Elle  revient pour sa deuxième enquête et doit jongler entre ces affaires comme un serveur gérant sa terrasse d’été.

Minier maîtrise son art comme un chef cuisinier ses couteaux : il découpe l’intrigue en tranches fines, alterne les points de vue avec la précision d’un métronome obsédant, et maintient la tension comme un élastique sur le point de claquer.

L’auteur excelle dans l’art de nous faire croire qu’on a tout compris, avant de nous balancer une révélation qui nous fait regretter notre arrogance de lecteur.

C’est du Minier et on adore ça.

Le personnage de Lucia Guerrero mérite qu’on s’y attarde. Fini le commandant Servaz et ses états d’âme pyrénéens : place à une femme d’action qui n’a pas le temps de contempler les sommets enneigés.

Lucia, c’est du pragmatisme espagnol à l’état pur, avec juste ce qu’il faut de fêlures pour rester humaine. Elle navigue entre machisme institutionnel et violence sociale avec l’agilité d’une torera, esquivant les coups bas tout en gardant l’œil sur ses cibles.

L’aspect social du roman frappe par sa justesse grinçante. Minier oppose les “effacées” – ces femmes que la société ignore – aux ultra-riches qui s’étalent dans les magazines. Cette dichotomie pourrait sembler manichéenne, mais l’auteur évite le piège grâce à ses personnages.

Même ses salauds ont des excuses, même ses victimes ont des défauts. C’est cette nuance qui élève “Les Effacées” au-dessus du thriller social de base.

“Les Effacées” confirme que Bernard Minier n’est pas près de raccrocher sa plume ensanglantée.

Avec Lucia Guerrero, il s’offre une nouvelle héroïne capable de porter une série sur ses épaules tatouées.

Et nous, lecteurs masochistes, on en redemande.

Parce qu’au fond, qui a besoin de sommeil paisible quand on peut avoir des nuits blanches de qualité ?


Les visuels, à l’exception  de la couverture du livre (Ed. XO) ont été créés avec le concours de différentes IA génératives.