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Qu’est-ce que l’extrême droite israélienne ?

Publié le 8 novembre 2022 ...

#Comprendre #Monde

À l’occasion des élections israéliennes, l’expression « extrême droite » est régulièrement prononcée. Qui sont les partis israéliens concernés dont tout futur Premier ministre a besoin pour être nommé et diriger le pays ? Petit tour en Israël sans nos grilles d’analyse françaises.

L’extrême droite en Israël

Un certain nombre de partis aux programmes et objectifs différents peuvent être qualifiés ainsi. Ce qui les réunit tous est un racisme « anti-arabes » et un rejet des Palestiniens. Autre point commun, le projet du Grand Israël, évidemment incompatible avec un État palestinien.

Enfin, cette extrême droite peut être religieuse, ou non. Les principales formations de ces deux branches sont, d’une part, le parti Otzma Yehudit d’Itamar Ben Gvir et, d’autre part, Yisrael Beytenu d’Avigdor Liberman. Ce dernier est un peu plus connu en Europe puisqu’il a déjà participé à bon nombre de gouvernements.

Pivot politique

Les gouvernements israéliens sont le reflet de la composition de la Knesset (parlement) et des rapports de force qui s’y nouent. Les 120 députés qui la composent sont élus pour 4 ans, mais rares sont les assemblées qui arrivent au terme de leur mandat. C’est dire si son morcellement en une multitude de petits partis n’aide pas à la stabilité politique et — a contrario — favorise les calculs de tous genres. Ainsi, la dernière majorité du gouvernement Bennett-Lapid s’appuyait sur 8 partis. Parmi eux, le plus important ne comptait que 17 députés !

Dans ce paysage morcelé, l’extrême droite a pris, au fil du temps, une importance certaine dans la formation — voire dans la survie — des gouvernements.

Avigdor Liberman en est un exemple parlant. En effet, après un différend avec Benyamin Netanyahu, il démissionne de son gouvernement et Yisrael Beytenu sort de la coalition gouvernementale. La chute du gouvernement suit.

A. Liberman (avec seulement 4 sièges au parlement) fera échec aux initiatives de « Bibi » Netanyahu, provoquant un deuxième « renouvellement » du parlement, ce qui n’était jamais arrivé depuis la création de l’État d’Israël.

Petit détail, il gagnera 4 sièges au Parlement au passage

Faiseuse de rois

Le nouveau gouvernement qui sortira de ce tumulte sera mené par N. Bennett et Y. Lapid grâce à un assemblage hétéroclite de petits partis, dont celui — russophone et anti-Arabes — d’Avigdor Liberman qui est passé à 8 députés au sein de la Knesset !

Ce rôle de faiseuse de rois de l’extrême droite n’est pas seulement joué par les partis séculiers. L’extrême droite religieuse en fait tout autant, notamment Itamar Ben Gvir, le dirigeant de « Pouvoir Juif  ».

On dit qu’Itamar doit son siège de député à un personnage incontournable de la politique israélienne, « Bibi » Netanyahu. C’est là un aspect pas encore évoqué ici.

Ainsi, si l’extrême droite  peut être considérée comme faiseuse de roi (les premiers ministres), Bibi est faiseur de destinées médiatiques pour les dirigeants de partis d’extrême droite dont il a besoin pour se hisser au pouvoir en créant des coalitions pas toujours durables, mais qu’importe…

Hors des institutions

En dehors du parlement israélien, l’extrême droite donne naissance à des groupes aux actes d’une autre dimension. C’est le cas d’un groupe nommé « les jeunes des collines ». Ce nom fait référence au fait que ses membres vivent dans des colonies sauvages implantées en Cisjordanie. Les escarmouches contre la population et les terres palestiniennes sont monnaie courante puisqu’ils voient la Cisjordanie comme appartenant à Israël.

Un autre groupe — Lehava — s’est fixé comme objectif la pureté ethnique du peuple juif. À ce titre, ses membres s’opposent aux mariages mixtes… Ce groupe est dirigé par Bentzi Gophstein.

Une des premières interventions de cet extrémiste consista, en 2012, à soutenir publiquement un extrémiste qui avait poignardé un non-Juif soupçonné de vouloir séduire une femme juive.

Pour celles et ceux qui souhaiteraient aller, B. Gophstein fut un étudiant du rabbin Meir Kahane, lequel militait  pour l’expulsion des Arabes d’Israël et des Territoires palestiniens.

Pour aller plus loin :

Samy Cohen, notamment avec cet article publié par Les Clés du Moyen-Orient

Sylvain Cypel, grand connaisseur de la société israélienne. À lire régulièrement dans Orient XXI

Inès Gil, journaliste, dont les reportages sur Israël et la Palestine sont à lire sur son site ici