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Quand un cours me ramène sur l’île de Houat

Publié le 22 janvier 2021 ...

#Comprendre

Concevoir un cours oblige parfois à battre le rappel de vos passions, lectures et rencontres. Cela peut être pertinent pour garder avec vous votre public, le temps de transmettre certains ‘‘savoirs’’. C’est l’objectif que j’avais en embarquant sur le 9 mètres d’Erwan avec le bouquin de Paul…

Parmi les cours que je donne, figurent depuis peu les méthodes de recherche et de traitement des enquêtes. J’y aborde bien entendu la construction et l’utilisation d’outils tels que le questionnaire et l’entretien, mais aussi l’observation.

Si les deux premiers, enquête et entretien, sont assez simples à illustrer, « l’observation directe » de situations professionnelles parait moins attrayante. Aussi, pour susciter la curiosité de mes étudiants, leur transmettre mon intérêt pour ce type de pratique, j’avais besoin d’exemples susceptibles de les interpeler et auxquels accrocher mes apports, des techniques et autres conseils.

C’est en fouillant du regard parmi quelques bouquins ayant pour point commun de restituer des réalités variées que je trouvai ce dont j’avais besoin… avec Paul Jorion, et les pêcheurs de l’île de Houat, petit bout de terre au large de la presqu’île de Quiberon.

Il l’emporta à la fois pour des raisons pédagogiques, mais également personnelles. Ma première véritable expérience de voile m’a en effet amené à sortir du Golfe du Morbihan pour rallier cette île. Une fois à terre, le temps d’une pause, j’ai vu le résultat des transformations sociales qui s’ébauchaient seulement lorsque Paul Jorion y avait séjourné plus d’une année.

Houat, le livre

On connait généralement Paul Jorion pour ses commentaires et livres grâce auxquels il traite d’économie et de finance. On connait moins sa dimension « anthropologue » et c’est cette spécialité qui a donné lieu à son observation, directe et longue, des pêcheurs de l’île de Houat. Son style et ses capacités d’observateur font de ce livre un petit bijou de ‘‘dissection’’ d’une communauté de pêcheurs et d’un village isolé.

Au-delà de cette écriture, belle et simple, l’auteur n’oublie pas les outils qui constituent le socle d’une observation digne de ce nom : comptages, cartographies de déplacements, photographies donnant à voir les réalités décrites.

Houat des outils pour illustrer mon cours

Ce sont autant d’éléments que j’utilise pour marquer l’esprit de mes étudiants. Quoi de plus original, en cours que de parler de comptabiliser le « résultat de prises de crevettes en fonction de la localisation des mouillages des casiers ; ou de cartographier les « différents déplacements de l’Étoile du matin en Janvier 1974 ». Quant aux photographies venant enrichir cette observation, elles nous donnent à voir de lointaines réalités, celles des travaux des pêcheurs à terre comme en mer…

Houat, la mer évidemment

Quelques décennies après ce mois de janvier 1974, cette île fut l’horizon que me désigna Erwan le skipper d’un voilier de 32 pieds en sortant du port de la Trinité-sur-Mer. Patient, pédagogue et plein d’humour, Erwan me familiarisa au maniement de son bateau, avec un vocabulaire qui m’était totalement étranger et un GPS qui nous permettait de nous diriger vers une île qui resta longtemps invisible. La petite heure que je passai à terre suffit à me donner envie de regagner le bateau … Les pêcheurs de Paul avaient laissé la place à une foule de touristes bruyants… Je les oubliai vite pour garder l’envie de voguer sur d’autres bateaux, mais c’est une autre histoire et qui m’emmène loin de mes cours…