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Des fleurs plus intelligentes que nous ? Oui, mais…

Publié le 15 décembre 2023 ...

#Comprendre #Environnement

Une évolution importante, chez certaines fleurs, vient d’être documentée. Ainsi, devant la baisse du nombre de pollinisateurs, ces fleurs se sont adaptées pour se reproduire sans leur aide. Cela peut sembler un bon moyen de s’adapter. Malheureusement, sur le long terme, c’est dangereux. Explications.

Plantons le décor

Depuis des millions d’années, fleurs et insectes pollinisateurs se côtoyaient et partageaient le même habitat pour le bonheur des uns et des autres.

Prenons les abeilles. Attirées par les couleurs et les odeurs des fleurs, elles venaient les butiner et se nourrissaient de leur nectar.

Les fleurs, quant à elles, en tiraient le plus grand des avantages. En effet, nos butineuses disséminaient leurs grains de pollen facilitant ainsi, ce que l’on appelle la fécondation croisée.

Le problème est — vous le savez comme moi — l’énorme chute des populations d’insectes et donc des pollinisateurs. Les fleurs doivent s’adapter, sous peine de disparaître. On pourrait imaginer que, pour attirer les pollinisateurs toujours moins nombreux, les fleurs ont choisi de se faire plus visibles et attirantes, par leurs atours habituels (couleurs, parfum). Ce n’est pas le cas, tout au contraire. Les fleurs ne se comportent pas comme les humains et ont choisi une autre manière de faire…

De la pollinisation à l’autofécondation

Les fleurs sont généralement bisexuées. Cela signifie qu’elles portent les organes mâles et femelles (pistils et étamines). Ces organes sexuels sont implantés dans la même fleur ou sur des fleurs mâles et d’autres femelles présentes sur le même pied.

Les insectes attirés par les fleurs vont les butiner et transporter des grains de pollen des étamines de la fleur jusqu’au pistil d’une autre fleur.

De nos jours, le manque de pollinisateurs pour opérer ces fécondations croisées fait que les plantes vont privilégier, et développer une autofécondation. En d’autres termes, elles favorisent — au sein d’une même fleur — la fécondation des ovules contenus dans le pistil par les grains de pollen de la même fleur, lesquels ‘‘tombent’’ des étamines.

Nous pourrions penser que ce développement de l’autofécondation est la preuve d’une belle adaptation des fleurs, alors que nous, les humains, ne savons pas réellement nous adapter au changement climatique.

Hélas, ce serait aller trop vite en besogne…

L’adaptation risquée des fleurs

Les fleurs, actant la diminution du nombre de pollinisateurs à même de les aider, ont évolué dans plusieurs directions. Ainsi, la taille des fleurs concernées diminue. Normal, me direz-vous, puisqu’elles font en sorte de ne plus avoir besoin d’insectes.

Le problème est qu’en devenant plus petites, ces fleurs produisent moins de nectar.

Moins de nectar, c’est aussi moins de nourriture pour les insectes encore attirés et donc moins de possibilités pour ces derniers de se reproduire dans de bonnes conditions. On assiste là, hélas, à la mise en place d’une dynamique plutôt mortifère…

Une évolution rapide scientifiquement démontrée

L’intuition quant à la diminution de taille de fleurs de pensées des champs a été validée par l’Université de Montpellier. Elle a en effet mené une étude comparative entre les fleurs se développant actuellement et d’autres, nées de graines récoltées, il y a 10, 20 et 30 ans. Pour éviter tout biais d’interprétation, les comparaisons ont été menées sur des fleurs de la 3ième génération et non sur celles nées des graines récoltées et mises en dormance.

Inutile de dire que la généralisation d’un tel comportement aura des conséquences en cascade difficiles à arrêter.

Pour aller plus loin, utiliser ce lien pour accéder aux résultats de l’étude (en anglais)