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Et l’inspecteur Padovani fut muté dans le Jura

Publié le 11 décembre 2022 ...

#Comprendre

J’aime les mots, ceux que je mets en forme pour faire passer des messages et ceux des autres évidemment. Il en résulte une petite montagne d’articles, 5 — bientôt 6 — livres, une bibliothèque qui déborde au grand dam de mon épouse, et des aventures comme un atelier d’écriture jurassien.

Il y a quelques années, j’ai poussé la porte d’une librairie implantée dans le Jura à Poligny. J’expliquai à la libraire mon projet d’atelier d’écriture. Je ne sais plus si elle accepta dès cette conversation, mais nous nous revîmes pour préparer la communication à transmettre à la presse locale.

Une première réunion permet de rassembler un groupe de personnes intéressées. Certaines adhéreront au projet, se frotteront à quelques soirées passées à jouer avec des mots, avant de se fondre dans le scénario inachevé que je leur proposerais, avant de se glisser dans la peau des personnages que j’avais créés, avant de subir des interrogatoires et avant de boucler l’affaire.

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Échauffement

Un atelier d’écriture, comme de peinture ou de cuisine c’est un groupe de personnes où chacun doit trouver ses marques, se sentir en confiance et avoir envie de se confier, de donner aux autres ses idées, comme ses mots.

Par contre, à la différence d’autres types d’ateliers, celui d’écriture a une dimension qui peut aller jusqu’à faire ‘‘peur’’ : l’écriture.

Pour toutes ces raisons, les premières rencontres vont consister à réunir le groupe autour d’une certitude, la capacité commune à se faire plaisir en créant un travail, un livre… Il y a des textes qui permettent de découvrir des styles qui n’ont vraiment rien d’académique et qui, pourtant, ont fait la renommée de leurs auteurs. Et puis il y a tous ces mots que nous avons en nous, ceux des autres que l’on mélange.

Ces premières séances sont à la fois magiques et nécessaires : on y voit les uns et les autres s’épanouir, et prendre confiance. Certains s’en vont, hélas…

Cuisine, cuisine…

Organiser, animer cette montée en confiance des personnes intéressées n’est pas très compliqué. Internet et les librairies regorgent de cahier d’exercices pour envisager cela. Par contre, une fois cette étape franchie, il faut nourrir et accompagner les membres de l’atelier sur le chemin d’une écriture concrète, d’une histoire avec un début, une fin, des personnages, des rebondissements, etc.

Et là, dans cette cuisine préparatoire, je vous avouerai que je prends autant de plaisir que dans les séances qui suivront.

Il faut en effet prévoir une histoire, une série de personnages et un démarrage. Celui-ci est fort important et pour booster le groupe, j’ai en magasin la recette d’un cocktail détonnant. Je mobilise pour ce faire un complice écrivain. Il a publié des « polars » et il est donc crédible… C’est le trait d’union, la promesse d’aller vers quelque chose d’abouti.

Des personnages, un meurtre…

Pour mettre en mouvement des personnages, il faut leur donner de la chair et des raisons d’aller quelque part. C’est là que je suis sur le fil du rasoir : en écrire assez pour donner envie, mais pas trop pour ne pas tuer la créativité de chacun et celle du groupe.

Il y aura donc un meurtre, le meurtre d’un personnage en vue, un notable. Bien entendu, un mobile apparait, mais est-il « le » mobile de l’assassin ? Et ce dernier, est-il un des acteurs de cette histoire ? Tous peuvent avoir commis le meurtre. Tous ont potentiellement une raison de le faire dans les histoires dont je les ai dotés.

Habités par les participants à l’atelier, ces personnages peuvent même prendre leur indépendance et faire entrer dans la danse de nouveaux acteurs…

Et au final ?

Au final, cela donne un roman — policier, évidemment — d’environ 200 pages !

Il a fallu l’obstination d’un des co-auteurs — Merci Bruno — pour que le travail de tous devienne livre.

Son idée était que chacun puisse garder trace de ces délicieuses soirées passées ensemble, garder trace de ces mots tressés ensemble…

Et puis, qui sait — la version papier porte en sous-titre « les enquêtes de l’inspecteur Philippe Padovani », une prochaine aventure trouvera peut-être le chemin d’un éditeur ?