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Invitation au port de la Mer de Glace avant les Drus

Publié le 7 janvier 2021 ...

#Culture

Vous connaissez Chamonix ? Évidemment. Et Val-Misère ? Je lis dans vos yeux que ce village vous est inconnu. C’est bien dommage, car cela signifie que vous n’êtes jamais allé boire un verre au « port de la Mer de Glace ». Et donc, vous n’avez pas entendu parler d’une ascension mémorable des Drus.

En fait, moi non plus, je ne connaissais ni Val-Misère, ni son bistrot, sorte de refuge à l’écart des grandes migrations de touristes. Il a fallu que je rencontre Dominique Potard, ou plutôt son livre portant le nom de ce bar, pour faire la connaissance d’un certain nombre de personnes hautes en couleur.

Avant d’aller plus loin, quelques mots à propose de Dominique. Guide de haute montagne, il a également une activité de journaliste pour des magazines de montagne. C’est un touche-à-tout de haut vol puisqu’il écrit aussi bien des livres burlesques que d’autres sérieux, des reportages, comme de la poésie…

Entrons au « port de la Mer de Glace »

Je vous laisserai découvrir les lieux si vous vous plongez dans ce livre, mais sachez que c’est un de ces bars où se retrouve généralement une clientèle d’habitués. Aussi, quand on entre en même temps qu’un guide de haute montagne attiré par le nom du lieu, c’est un autre monde qui s’offre à nous. Le tenancier — appelez-le l’Amiral —, son serveur, le boulanger, les cantonniers, tous sont d’une grande drôlerie, jusqu’au chien du boulanger, « Tobby, la serpillière ».

En vous faisant petit, vous assisterez à des scènes que j’hésite à qualifier d’hilarantes ou de burlesques.

Comme un bar de quartier, chacun y a ses habitudes, qu’il s’agisse d’alcool ou de ses horaires de passage.

Arriva Clint Eastwood…

Dans ce bar que l’auteur qualifie de « météorite détachée des conventions humaines », il y a un client différent des autres. Surnommé Clint Eastwood, la trentaine, c’est « le personnage le plus pittoresque, le plus ‘‘cosmique’’ » que l’on peut croiser en ces lieux. Son univers mental déborde de créatures mystérieuses et protectrices et de « règles obscures que seul lui-même a expérimenté ». Ainsi, pour Clint, « on doit toujours choisir la solution de gauche, précepte dont l’application immédiate consistait à toujours tourner à gauche ». Il est important que vous cerniez un peu ce personnage, car, avec le guide, l’Amiral, le boulanger et Tobby, vous allez partir à sa recherche.

En route pour gravir la face nord des Drus

Les connaisseurs de ce massif reconnaîtront certainement les lieux, les glaciers et autres passes. Les autres se laisseront guider, ou plutôt suivront l’équipée. Une équipée qui tourne au burlesque, quant à chaque étape les alcools forts, les bons vins sont tirés des sacs, qu’il s’agisse d’accompagner une belle tomme, un confit de canard, un cuissot de chevreuil… garni de riz aux girolles.

Cette ascension à la poursuite de Clint Eastwood sera ponctuée de « ça s’arrose ! », même dans des situations où tout être normal aurait l’esprit ailleurs.

Fin grandiose

Soyez rassuré, vous retrouverez Clint, dans un final grandiose, pieds nus, prêt à surfer. Sur la montagne. Pas étonnant, « la montagne, c’est jamais qu’une mer un peu dure » !

 

Certains ont convoqué Rabelais pour parler de ce livre. Certes, la dive bouteille est omniprésente, mais je préfère l’épigraphe de Baudelaire choisie par l’auteur. Il y est question de vin, de bouge et cela sied parfaitement au « port de la Mer de Glace ».

À la différence de Baudelaire, peut-être, on rit souvent dans ce petit livre rouge