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Rencontre avec une « copro » végétale, la haie

Publié le 19 septembre 2023 ...

#Comprendre #sciences

Il est un monde secret et « fourmillant d’êtres dont elle est le refuge », c’est la haie. Familier de la Bretagne, la haie est inscrite dans ma mémoire de longue date. Récemment, dans une librairie, je suis tombé sur « Le chant des haies », de Jean de Bosschère. Présentation.

Belle amie de longue date

La haie, même si je la croise dans le Haut-Doubs, c’est surtout en Bretagne que nous avons cheminé ensemble. Nous nous étions croisés dans un cours de « géo », il y a longtemps et j’avais retenu que l’évolution de notre modèle agricole français ne lui avait pas été très favorable par le passé. Aussi, quand je cheminais avec elle, je l’observais du coin de l’œil.

Elle laissait parfois la place à de gros arbres aux branches tourmentées et parfois grimpait allégrement au-dessus des talus ombreux et hirsutes. De ses promontoires successifs, elle me toisait tout en m’accordant une ombre propice à la rêverie et à la fraîcheur.

Récemment, j’ai revu cette amie discrète et parfois critiquée pour une soi-disant trop grande rigidité face au progrès et à la recherche de productivité.

Je l’ai retrouvée à l’occasion d’une initiative gouvernementale, le « pacte en faveur de la haie »[1].


[1] Pour en savoir plus sur ce pacte, utiliser le lien

Un auteur amoureux

Jean de Bosschère, qui a écrit ce magnifique petit livre qu’est « le chant des haies » était peintre, romancier et poète et vous découvrirez en vous appropriant ce livre que ses différents métiers sont tous mobilisés pour cette balade minutieuse dans nos haies.

Ainsi, c’est avant l’aube qu’il nous emmène au contact d’« une bise froide, petit étalon précurseur de la lourde chevauchée d’une journée torride ». Les « revendications sonores des coqs » ne sont pas loin. « Les volets s’écartent pour que les cuisines boivent leurs rations de lumière »… Plus tard, nous irons à la rencontre d’un pic vert dont le goût pour les fourmis l’attire au pied de la haie « encadrée de liserons ».

S’ensuit une description de l’oiseau, une description précise et colorée, comme peut l’être celle d’un peintre, un peintre qui accompagne ses mots de belles aquarelles et d’observations sur le vif travail de ce bel oiseau, sur la manière dont il capture nombre de fourmis. Pour compléter ses présentations, il n’hésite pas à convoquer d’autres connaisseurs tels Buffon…

Une galerie de portraits

Chauve-souris, belette, mais aussi pissenlits, perce-oreilles et autres grenouilles vont croiser notre chemin pour notre plus grand bonheur. En écartant le premier rideau de la haie, nous les voyons prendre vie et se laisser découvrir par nos yeux. Cette longue promenade en compagnie de Jean de Bosschère vous fera découvrir nombre de papillons, à la fois dans des images construites de mots, mais également au travers de croquis et d’aquarelles. La vanesse du chardon se montrera sous son meilleur profil, « quelques sphinx à tête de mort » dont les chenilles se sont nourries « de la douce-amère qui y tressait ses tiges serpentines ».

Digitales, ancolies, fusains, linottes, pinsons et coucous, comme bien d’autres végétaux, arbrisseaux, seront aussi du voyage. Ce magnifique petit livre[1], je l’espère, vous donnera envie de considérer différemment les haies que vous croiserez. Peut-être vous donneront-elles envie de ralentir le pas et de vous arrêter pour écouter et observer la vie de ces copropriétés végétales.


[1] Ce livre est publié par les éditions Klincksieck