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Plongée dans le quotidien d’un hôpital ordinaire (Épisode 1)

Publié le 18 janvier 2022 ...

#Comprendre #Organisation

Pour nous aider à comprendre comment va l’Hôpital public et parce que nous sommes tous concernés, Benjamin Rossi, « interniste » à l’hôpital, a accepté de répondre à mes questions. Dans ce premier article, avec lui, examinons l’état du malade « Hôpital ». Ensuite, nous plongerons dans son quotidien.

Avant la longue conversation que j’ai eue avec Benjamin Rossi [1], comme vous peut-être, j’avais une vue partielle et discontinue de ce que vivent nos hôpitaux depuis quelques années. J’en suis sorti pessimiste, même si des soignants comme lui me donnent encore envie d’espérer.

Ce pessimisme repose sur le diagnostic que pose ce praticien hospitalier de la situation de l’Hôpital français. Celui-ci va mal et cela s’explique par différentes causes.

Je vous propose de les poser avant d’aller plus loin avec notre guide, dans son quotidien.

Des causes… cumulatives

En écoutant Benjamin Rossi, on comprend que les fermetures de lits à l’Hôpital ont plusieurs causes. Celles-ci sont apparues au fil du temps, mais vont se cumuler.

Dans un premier temps, l’Hôpital s’est vu imposer des objectifs de rentabilité. Il doit faire mieux avec des moyens ‘‘optimisés’’. Sur le terrain, cela se traduit, par exemple, par des rapprochements d’hôpitaux territoriaux. Ces fusions se traduisent par des baisses d’effectifs et des transferts d’activité au secteur privé. Concrètement, l’Hôpital voit ses capacités d’accueil diminuer. Il perd des lits ce qui, « à population constante, et vieillissante, ne peut être complètement absorbé par l’ambulatoire » prônée par les gestionnaires.

Dans un second temps, alors que cette logique d’optimisation de l’offre de soins n’a pas été abandonnée, la pandémie provoque un afflux de patients dépassant de loin les capacités d’accueil mobilisables. Les soignants disponibles feront front avec des moyens et des protections parfois dérisoires. Certains seront contaminés quand d’autres feront des burn-out et jetteront l’éponge.

Durant cette période, si les soignants reprennent un temps le pouvoir, en termes de dépenses de soins, la politique d’économies conduisant à la fermeture de lits n’est, semble-t-il, pas abandonnée [2].

Et demain ?

Demain ne sera pas rose…

Même si, par miracle, notre pandémie s’éteignait soudainement, la situation actuelle (lits fermés par un manque réel de personnel soignant) ne risque pas de s’améliorer rapidement. En effet, comme le dit notre guide, « on est à peu près sûr que cela va s’ancrer dans le temps. En effet, dans les trois dernières promotions d’infirmière, la plupart disent ne pas vouloir travailler à l’Hôpital. Et quand on sait qu’il faut trois ans pour former un infirmier… ».

[1] B. Rossi a écrit « En première ligne – Une plongée captivante au cœur de la médecine (novembre 2021, Éditions Prisma)

[2] En pleine crise du COVID, le directeur de l’Agence régionale de santé du Grand Est est licencié pour avoir annoncé la poursuite du plan de suppression de 598 postes au CHRU de Nancy. Ces suppressions conduisaient à la fermeture de 174 lits.

A ce jour, ces plans de réorganisation sont suspendus, a précisé le ministre de la santé. Suspendus !