Me contacter
06 89 71 64 24

Au programme formation 2022, le voile d’ignorance

Publié le 11 juin 2021 ...

#formation #RH

Si la formation est un levier de progression individuelle, ce peut être également un moyen de fédérer un collectif, de le mettre en mouvement, au sein de l’organisation qui l’emploie. C’est le cas avec le « voile d’ignorance », lequel -bien enseigné- peut créer des consensus et faciliter des évolutions spectaculaires.

Le « voile d’ignorance », n’est pas un savoir théorique permettant de gloser à l’infini sur telle ou telle prétendue tare de notre société. C’est une méthode qui permet de poser un regard neuf sur une situation en faisant fi de ses a priori, et de la traiter en recherchant efficience et consensus.

À ENSEIGNER D’URGENCE !

Principe du voile d’ignorance

Mettre en œuvre le voile d’ignorance consiste, face à une situation insatisfaisante, à faire abstraction de sa position (par rapport à la question), de sa connaissance du sujet, de ses goûts et expériences pour proposer, de préférence collectivement, des solutions d’amélioration. En effet, on peut partir du principe qu’en pensant un système indépendamment de nos propres intérêts, en posant dessus un voile d’ignorance, nous serons réellement objectifs et constructifs.

En résumé, la mise en pratique de ce principe présente deux atouts forts. En premier lieu, il s’agit de nous faire réfléchir, libérés du poids de nos habitudes et schémas habituels. En second lieu, parce que sortis du carcan de nos intérêts personnels nous devenons plus enclins à la recherche de compromis.

Exemple concret

À l’origine, ce principe a été pensé pour mettre en lumière des questions d’inégalité, d’injustice, pour évidemment, les traiter au mieux. On pouvait l’exprimer par une question : Dans quel système social aurais-je envie de vivre, sachant que la place que je pourrais y occuper n’est pas déterminée à l’avance ?

Poser une telle question à un groupe de personnes qui « jouent le jeu » est extraordinaire. En effet, même si chacun se libère de son conditionnement politico-social, les envies restent, les besoins aussi. Difficile de faire autrement, mais cela crée des horizons à partager !

Au final, le système social qui émergera des discussions et réflexions collectives sera débarrassé de dynamiques égoïstes, même si des différences, s’expliquant par les talents peuvent y persister.

Cela peut sembler diablement théorique mais la pandémie a rebattu les cartes, au point de rendre crédible de telles réflexions.

De l’inégalité à l’amélioration continue

Nous venons de vivre une certaine mise à l’arrêt de notre économie et nombre de nos certitudes se sont dissoutes dans l’angoisse de maîtriser la Covid-19. De ce fait, engager une formation à l’utilisation du « voile d’ignorance » est plus aisé qu’il y a quelques années, époque où nombre d’entre nous avançaient carapaçonnés dans leurs certitudes et exigences personnelles.

Poser comme hypothèse de travail qu’il s’agit de repartir d’une feuille blanche, « dans un contexte où l’organisation que nous connaissons aujourd’hui a disparu », ou avec des « hiérachies héritées du passées qui s’effacent devant un besoin de reconstruction des organisations pour faire face à de nouvelles réalités » prête moins à rire. C’est d’autant plus aigu que les mois qui viennent nous réservent peut-être encore quelques mauvaises surprises.

Une telle hypothèse de départ peut constituer un bon socle pour mettre en place des dynamiques ayant pour moteur l’amélioration continue. Ce terme familier en management de la qualité peut-être le bon relais pour engager la réécriture de ce qui doit l’être. Alors utilisons de telles opportunités !

Pour le plaisir…

Le « voile d’ignorance » est un sujet sur lequel des philosophes ont travaillé depuis longtemps. Pour autant, si vous voulez l’enseigner de manière sereine, il n’est pas nécessaire de faire référence à cette dimension.

Inscrivez-le dans une méthode de résolution de problème, qu’il s’agisse d’organisation au sens large, de stratégie ou de management de l’environnement, de la qualité ou des risques.

Sachez simplement qu’au fil des siècles des personnages tels que Hobbes, Locke et Kant s’y sont intéressé. Plus récemment, c’est John Rawls qui s’en est servi dans sa « Théorie de la justice », avant que Jean Tirole, notre Prix Nobel d’économie ne s’en serve dans son livre sur les biens communs[1].

[1] « Économie du bien commun » de Jean Tirole, Éditions PUF