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Les chiens et les journalistes

Publié le 29 décembre 2023 ...

#Société

Il est des polémiques que je ne sais comment aborder. Et puis, vient le déclic. Ici, c’est un vieux dicton qui me permet de revenir sur le doute que porte un Président sur le travail de journalistes. Le dicton, d’abord : « quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage ».

Le Président de la République, entouré des journalistes d’une émission se déroulant à une heure de grande écoute, est revenu récemment sur les péripéties d’un texte de loi. Laissons ce texte de côté pour en venir au propos qui m’a gêné, à propos d’un acteur français.

Un peu de contexte

Concernant ce dernier, notre Président a commencé par louer sa carrière d’acteur et dire toute l’admiration qu’il avait pour lui. Il condamna ensuite le tribunal médiatique qui s’en prenait à lui, avant d’en arriver à cedont je voulais vous parler…

En effet, notre Président mentionna certaines affirmations relayées ça et là, affirmations expliquant que des journalistes professionnels avaient décalé les enregistrements « voix » de l’image. Ce faisant, ces journalistes auraient voulu faire croire que l’acteur en question avait tenu des propos odieux concernant une petite fille.

Qui parle de qui ?

En fait, j’ai compris que notre Président demandait d’attendre que toute la lumière soit faite sur cette affaire, comme sur les soupçons de manipulations qui auraient pu être réalisées par des journalistes. Des JOURNALISTES, qui plus est travaillant pour une chaine de service publique et non pour un réseau social sans charte déontologique et difficile à modérer !

Comment peut-on, dans une même ode à la présomption d’innocence, voler au secours d’une personne d’un acteur que l’on admire et rester circonspect quant au travail de journaliste accusés par ailleurs ?

L’un aurait droit au rappel de la présomption d’innocence et pas les autres ?

Étonnant, pour le moins…

un journaliste se doit d'être honnête

C’est quoi un journaliste, au fait ?

Pour répondre à cette question, je suis allé piocher, loin en arrière dans les archives d’un quotidien auquel je suis fier d’être abonné, non pas parce qu’il flatterait ma vision du monde, mais parce qu’il n’est pas rare qu’il me fasse réfléchir sur la justesse de cette vision. Ce journal c’est « Le Monde ». Et, dans ses colonnes, Jacques Kayser écrivait ces lignes : « La probité fait du journaliste[] le maître d’école du peuple ou, selon l’image nostalgique du duc de La Rochefoucauld, la sentinelle du peuple. Quelle que soit la comparaison, l’objectif est le même : éclairer, instruire, servir, protéger. Éclairer sans créer d’ombre, instruire sans prosélytisme, servir sans démagogie, protéger avec audace, désintéressement et obstination ».

Déontologie au sein de France TV

Enfin, parce que les journalistes qui auraient manipulé les sons et images captés lors d’un voyage en Corée du Nord appartiennent à France 2 et donc au groupe France Télévisions, j’ai eu envie de reprendre ici les principes éditoriaux que s’est fixé ce groupe, au sein duquel, l’information est :

•    le reflet d’une couverture exacte, équilibrée, complète et impartiale de l’actualité.
•    honnête, sans préjugés ou préférences, respectueuse de la dignité humaine.
•    indépendante.
•    certifiée, validée avant d’être publiée.

Et le chien ?

Effectivement, c’est un vieux dicton qui m’a servi de déclic pour écrire ces lignes. Celui-ci veut que, pour tuer son chien, il faut – il suffit ? – de l’accuser d’avoir la rage.  Transposé par mes soins dans le monde de la presse cela donnerait ce qui suit : pour tuer la crédibilité d’un travail journalistique, il suffit de se faire l’écho de ragots concernant leur travail.

Ces ragots, depuis quelques jours, doivent être ravalés par celles et ceux qui les propagent. En effet, un huissier a attesté l’honnêteté du montage présenté dans le reportage de France 2. Les faits rapportés, les sons enregistrés n’ont donc fait l’objet d’aucune manipulation. Notre Président a été interrogé un peu trop tôt sur ce sujet. Aujourd’hui, il ne pourrait plus douter.