Vous connaissez mon goût pour les histoires, les miennes comme celle des autres. Quand on m’en assène à un point tel que ne surnagent que quelques slogans, je prends un peu de recul… J’aime bien comprendre et, pour ce faire, creuser un peu, surtout si les bons et les méchants ne me semblent pas toujours crédibles.
Les haies, au centre d’une comm’ anxiogène. Attention au piège
Publié le 4 février 2024 ...
Nous vivons une époque merveilleuse en communication politique. Le plus récent exemple nous a été donné avec la crise agricole, de l’entente cordiale entre forces de l’ordre et manifestants à la méchante Europe, en passant par des haies nécessitant l’application de 14 normes. Les haies ?
Les haies, pas seulement pour le décor
Il y a quelques mois, j’ai entendu le maire d’une commune inondée du Pas-de-Calais parler de l’intérêt de replanter des haies. En effet, ces haies, disait cette personne, éviteraient que les pluies et ruissellements emportent de la terre dans les ruisseaux et rivières, contribuant ainsi à leur débordement et donc à des inondations.
Il n’est a priori plus à prouver que les haies « ont une fonction de régulation du climat » et participent à la présence d’un certain nombre d’animaux utiles à la limitation d’insectes qui ravagent les cultures.
Développer les haies
C’est bien pour ces raisons régulatrices et protectrices que notre gouvernement a lancé, il y a quelque temps déjà, un programme de soutien financier à la replantation de haies. Son objectif est de recréer 50 000 km de haies d’ici 2030 avec un budget de 100 millions d’euros. 50 000 kilomètres qui viendraient s’ajouter aux 750 000 kilomètres existants. Évidemment, il ne sera pas possible de planter n’importe quelles espèces de végétaux et elles devront être entretenues…
Enfin, qui dit financement, dit contrôle, l’idée étant de favoriser, par exemple, des agriculteurs ayant de véritables projets, durables, respectueux de l’environnement et de la biodiversité. Logique…
14 normes, empilement incompréhensible
Mais voilà, dans cette jolie carte postale d’une haie fleurie et bruissant du vol des insectes et de petits oiseaux, un gros nuage est venu assombrir le paysage. En effet, pour témoigner de la folie normative qui s’impose aux paysans, quelqu’un a balancé que les haies étaient concernées par 14 normes ou réglementations.
Cette image, qui est simple à intégrer, a vite circulé et a même été beaucoup reprise par le « patron » de la FNSEA pour montrer l’absurde poids réglementaire pesant sur les épaules de nos agriculteurs. Qui ne se serait pas senti solidaire ? Tous les codes sont cités, Code rural évidemment, mais également code de l’environnement, code de l’urbanisme…
Les règles du quotidien
En fait, quand on regarde de plus près cet empilement, on se rend vite compte qu’il correspond à des réalités qui sont connues de tous et plus particulièrement, pour certaines, des agriculteurs, que l’on sait proches de la nature, parfois même chasseurs… Ainsi, la taille des haies est interdite en période de nidification. L’arrachage en est interdit dans des espaces particuliers comme les zones de captage d’eau à l’intérieur du périmètre de protection.
Cela peut sembler logique quand on sait que ces arbres et arbrisseaux filtrent l’eau. Leur rôle régulateur fait que ces haies sont protégées en zone Natura 2000, dans les zones concernées par un plan de prévention des risques. Elles peuvent l’être, également, dans un PLU…
Je m’arrêterai là, mais vous voyez qu’un agriculteur intégré au territoire sur lequel il vit et travaille connait d’une manière ou d’une autre ces périmètres protégés et le cycle de la vie qui s’attachent à ces haies.
Je ne l’imagine pas ignorant de cela et si, par malheur, ce devait être le cas chez les agriculteurs, leurs syndicats, Chambres d’agriculture et tous les services rattachés ne manqueraient de leur expliquer l’intérêt à protéger… ces haies.
Pour revenir à mon propos initial, si certaines réalités méritaient d’être promues devant les médias pour expliquer les raisons d’une grève, les haies et leurs 14 normes faisaient juste un beau slogan… pour attraper les gogos.
Bonne journée dans notre monde merveilleux