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Émeline, jeune photographe témoin de notre quotidien

Publié le 18 février 2021 ...

#Monde

Il y a des textes qui vous marquent pour longtemps. C’est également le cas de photographies. L’une d’entre elles prises récemment dans un pays blessé m’a donné envie de vous parler de celle qui l’a prise, de lui donner la parole. Elle se prénomme Émeline. Elle a déjà cette retenue qui permet de traduire des réalités monstrueuses.

Émeline Boutry est photographe professionnelle. Elle était il y a quelques semaines au Liban et en a rapporté des photos qui permettent de s’arrêter et d’observer les habitants de Beyrouth au milieu d’un chaos indescriptible.

Parmi ces instantanés de vies malmenées, les traces d’une main ensanglantée contre un mur ! Cette photographie tellement forte par ce qu’elle nous laisse imaginer, ou le fracas qu’elle nous laisse entendre, m’a donné envie de vous parler de cette jeune femme. Je l’ai fait en construisant un pont entre ses premiers « travaux » et Beyrouth, car je pense que ses premières expériences traçaient déjà le chemin qu’elle emprunte aujourd’hui.

Apprendre le métier

Pour apprendre le métier de terrain, elle bénéficie de l’accompagnement d’un mentor et c’est grâce à lui qu’elle vendra, ensuite, « un premier article (texte & photos) dans un magazine spécialisé “défense”. Ce fut déjà une grande fierté, mais qui compte peu face à ma “vraie” première publication ».

Cette première publication prendra corps en plein parc Astérix en suivant un exercice interministériel « avec près de 600 personnes (militaires, pompiers, policiers, gendarmes, infirmiers) s’entrainant sur une simulation d’attaque chimique. L’exercice et donc les prises de vue ont duré toute la matinée. L’après-midi dans le train, je commençais le tri des photos ; chez moi je finissais les retouches jusqu’au soir ».

La « jungle de Calais »

99 % des Français ont entendu parler de la Jungle de Calais, mais peu ont eu l’occasion de s’y rendre. Émeline, elle a décidé d’y aller dans le cadre d’un stage dont le thème était libre. « Comptant me diriger vers le reportage j’ai choisi de le faire au sein d’une association d’aide aux migrants. Mon but était d’être sur le terrain, et de réaliser un reportage sur la situation dans la “jungle”.

Nous avons tous vu ces journalistes embarqués avec des troupes. Là, Émeline s’embarque, certes pour photographier avec le projet de témoigner, mais aussi pour rencontrer ces réfugiés, discuter, comprendre. Une telle confrontation sur un temps long vous fait passer de l’autre côté de l’objectif

La plupart des journalistes venaient quelques heures. Ils prenaient trois ou quatre photos, réalisaient une interview puis repartaient. En s’y rendant quasiment tous les jours pendant 5 semaines, il est difficile de rester détaché face à des conditions de vie déplorables, à des visages d’enfants, à une situation humainement indigne. Difficile émotionnellement”.

Quand Émeline parle de cette période, elle concède que “des années plus tard, cette expérience me marque encore. J’ai beaucoup appris, techniquement comme humainement”.

À mon sens l’Émeline d’aujourd’hui nait là et l’exposition de ses photos dans une galerie de Lille, ne pourra que lui donner envie de poursuivre, mais c’est une autre histoire, une histoire sur laquelle nous reviendrons — elle et moi bientôt.