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Plongée dans le quotidien d’un hôpital ordinaire (Épisode 2)

Publié le 25 janvier 2022 ...

#Comprendre #Organisation

Après avoir précédemment mis en lumière les dynamiques qui affaiblissent l’Hôpital, plongeons maintenant dans ses entrailles avec notre guide, Benjamin Rossi. L’Hôpital étant en quelque sorte la ‘‘maison commune de notre santé’’, il est important d’en mesurer les difficultés.

Benjamin Rossi

Au moment où Omicron supplantait le variant delta, les soignants sont moins nombreux à faire face. Parmi eux, il y a Benjamin Rossi. Chose promise, chose due, il va nous emmener toucher la réalité de cette institution malmenée et appauvrie, mais faisons d’abord connaissance.

Notre guide s’est spécialisé en médecine interne. Cela signifie que, face à des patients souffrant d’une maladie affectant plusieurs organes, ou de maladies intriquées, il a une approche globale, permettant une prise en charge adaptée hiérarchisant les priorités. Il a une deuxième spécialité sur les maladies infectieuses et tropicales, ce qui l’aidera face à la COVID, mais on en reparlera…

Dans son service, « on accueille des personnes qui ont une infection, ou dont on ne sait pas ce qu’elles ont. À moi de déterminer devant quel type d’infection je suis pour ensuite définir le traitement. Dans d’autres cas, le diagnostic est déjà posé et la personne nous est confiée pour établir le traitement. »

Avant la Covid

Au quotidien, la journée de notre interniste se partage entre les patients déjà présents dans le service et d’autres accueillis aux urgences durant la nuit. « Le matin, je fais le point avec les infirmières sur ce qui s’est passé depuis la veille. Je vais aux urgences rencontrer les patients arrivés au cours de la nuit pour les traiter en priorité. On organise les examens nécessaires pour nous permettre de dresser le bon diagnostic ».

La journée se poursuit avec les patients soignés dans le service de Benjamin, un service où, avant la Covid,  il y a peu de décès, « un par mois, peut-être » … en temps normal.

Perte de moyens et impact de la pandémie

En théorie, le service de médecine interne de Benjamin dispose de 28 lits pour prendre en charge les patients. « Pour ce faire 22 soignants (infirmiers et aides-soignants) figurent au planning. Cela permet de déployer en journée 3 infirmiers et 3 aides-soignants. La nuit, nous ne pouvons jamais mobiliser plus d’un infirmier ».

« Au fil des mois et vagues de Covid, cet effectif fluctue considérablement ».

« Récemment, ces soignants n’étaient plus que 7, avec de nombreuses plages libres au planning que l’on ne pouvait remplir qu’avec des vacataires. Dans les faits, cela signifie que nous n’avons plus 28 lits parce que nous manquons de personnel ».

« Nous sommes même descendus à 12 lits avec un infirmier et un aide-soignant, avant de revenir au nombre de soignants nécessaires pour 20 lits. Le problème est que cela reste très fragile, car si un infirmier ne vient pas, on est obligés de bloquer les entrées dans le service. »

Dans le même temps, « le nombre de décès au sein du service de médecine interne augmente, passant d’un décès par mois en moyenne à 3,4,5 décès par jour et là, nous n’étions pas prêts… ».

La semaine prochaine, nous délaisserons la Covid et décortiquerons avec Benjamin comment des réformes qui auraient dû permettre à l’Hôpital public de revenir à l’équilibre, ont conduit à des situations pas très « logiques ». Nous en verrons  les conséquences sur d’autres équilibres, comme ceux de la Sécurité sociale.