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Walter Bonatti, géant, amoureux et fantôme des cimes

Publié le 7 novembre 2021 ...

Une parole, quelques mots, et des souvenirs remontent inopinément. Nous connaissons tous cela et ce fut mon cas, il y a quelques jours en lisant une citation de Walter Bonatti. Cela m’a donné l’envie de vous parler de ce géant de la montagne, mort il y a dix ans, mais encore tellement présent dans la mémoire des fous d’alpinisme.

Fantômes alpins

En mars 2021, « Alpine Mag », avait publié le récit d’une ascension de la face ouest des Drus. Korra Pesce, l’auteur avait titré son article « le fantôme de Bonatti ». Concernant cette montagne, pour ma part, je parlerais de deux fantômes.

Le premier est l’italien, aujourd’hui décédé, dont l’ombre plane sur cette montagne escaladée par son pilier sud-ouest en 1953. C’est un exploit puisqu’il est seul pour affronter une face verticale de 1000 mètres. D’autres alpinistes lui succèderont et de nouvelles voies seront ouvertes pour réussir l’assaut de ce que Walter Bonatti appelait « la cime parfaite ».

Le deuxième fantôme, c’est la montagne elle-même ou, pour le moins, le pilier ouest des Drus. Ce massif va connaître trois monstrueux éboulements, d’abord en 1997 puis en 2003. En 2005, le troisième emporte le « pilier Bonatti ». N’ont survécu que les premiers pitons plantés lors de cette aventure en solitaire.

Au plus haut durant 15 ans

La passion se révèle souvent avec brutalité. Pour Bonatti, il ne lui faudra qu’une première escalade — à 18 ans — pour découvrir dans cet univers dangereux qu’est la haute montagne son horizon. Un an plus tard, il apprivoise l’éperon Walker dans les grandes Jorasses.

Puis viendra l’ascension du Grand Capucin qu’il ne vaincra qu’à la troisième tentative. Une voie Bonatti est née…

À 23 ans, il est ‘‘sélectionné’’ pour intégrer l’équipe italienne qui se lance à l’assaut du K2 en 1954. Une mauvaise histoire va ternir son image pendant des années. C’est un autre géant de la montagne, Reinhold Messner, qui usera de son aura dans le monde de la montagne pour que l’honneur de l’alpiniste italien soit lavé et la réalité enfin officiellement reconnue.

Un an après le K2, en 1955, notre alpiniste réussira l’ascension du pilier sud-ouest du petit Dru, en solo. Le fameux pilier Bonatti aujourd’hui disparu…

S’ensuivront d’autres belles ascensions, d’autres premières comme celle de l’éperon Whymper dans les grandes Jorasses en 1964.

En 1965, il met fin à sa carrière d’alpiniste en atteignant le sommet du Cervin par sa face nord. Cette dernière course est une première hivernale et en solitaire, même s’il a emmené avec lui un petit ours en peluche.

Le monde en grand

Un grand hebdomadaire italien, Epoca, va lui donner la possibilité de rêver et faire rêver ses lecteurs. Pendant une nouvelle séquence d’une quinzaine d’années, ses textes et photographies les emmènent loin des montagnes avec, pour compagnons, non plus des montagnards, mais des chercheurs d’or, des habitants de « Hautes Terres », du Venezuela au Vanuatu, sans oublier d’autres lieux magiques comme les Marquises.

Sa dernière expédition, quelques mois avant sa mort, l’entraine en Égypte, au Soudan, dans le désert de Libye sur quelques milliers de kilomètres. C’est à Rome qu’il s’engagera sur une dernière route.

Merci à Sandra de sa citation inspirante. C’est en pensant à elle que j’ai eu envie de rappeler l’ours en peluche qui accompagnait Walter Bonatti. Un ours, pas un tigre…